Journal Lille Université
Voici un numéro du Journal Lille Université, de janvier 1945, juste en sortie de guerre. On note combien les étudiants s'appliquaient à relayer les informations et à travers celles-ci, combien les étudiants s'impliquaient dans la vie de l'université d'État de Lille.
Et comme quoi, déjà à l'époque ça râlait sur ce qui pouvait trainer sur les faluches Monoprix 😬 On pourrait croire que ces termes inspirons l'article correspondant lors de la rédaction du code national, non ? Qu'en dites-vous ?
Transcription
Le Coin de l'Ancien
Défense de la Faluche
Autrefois, il y a seulement cinq ans, le Bourgeois connaissait bien les faluches, LILLE n’était pas LILLE sans l’agitation de ses bruyants écoliers « vint la tant maudite guerre », beaucoup troqueront faluche pour képi. Les anciens étaient appelés loin des lacs et alors surgirent des générations privées de la forte nourriture des traditions bachiques. Il y eut bien pis : la faluche fut quasiment ignorée, par force, quand s’écoulaient les jours du camp du... drap vert.
Or, donc un beau jour de 1944, surgirent Fifs, Tommies, Sammies et autres kaki. Aussitôt la faluche repartit et fit couler de l’encre, comme on sait. Et puis on s’aperçut que les anciens « ceux d’avant la guerre » étaient devenus portion congrue. Il en reste pourtant assez pour sonner l’alarme et donner le signal d’un renouveau des vieilles traditions.
Pour cela aujourd’hui voudrions-je rappeler quelques considérations concernant notre noble couvre-chef.
— Amis tant aymés, oyez la grande misère des faluches d’aujourd’hui*. Où sont celles d’antan sur lesquelles s’étalaient impunément la vie écolière bien remplie d’insignes universitaires, écussons à bras et rubans de naissance. Les jeunes générations avaient mené ce flac, villes universitaires ou cités d’études bruyantes et besogneuses. Le porteur avait apporté l’apanage de la grande gueule, insignes des idées et des labeurs, médailles des disciplines acquises, colliers de la FRANCE et de l’étranger... C’est donc toujours la faluche de nos aïeux qui est là, bien que certains qui s’engouaillissent toujours de nombreuses richesses étalent l’histoire du bachelier.
Maintenant, horribles spectacles vous esservent et insultent les oils au vu de ce que des bizuths chroniques ont fait de la faluche : une succursale des comptoirs de Monoprix et des étalages de marchands de porte-bonheur et autres breloques à bon marché. D’autres joyeux drilles la noient de fanfreluches sans rapport avec le lendemain du baptême pour arborer une panoplie complète des écussons des facultés de FRANCE et de NAVARRE au milieu de laquelle brille mollement une minuscule étoile.
Ah! pleurez les anciens de maintenant qui abritèrent la crâne de ces foires. Estudiant régirez-vous et servons-nous bientôt réflexivement de notre faluche.
Qu’un Bizuth ne mette qu’une faluche nue abritant seulement des insignes variés et mérités soit fier au cœur des années d’études qu’il soit fier de ces insignes reconnus, admis, gagnés à la sueur de nos fronts, et non pas des breloques inopportunes et des colifichets passagers.
Faut-il enfin rappeler des vérités essentielles à ceux qui méritent la faluche et qui ne doivent être ni porteur ni inscrit. Les deux conditions sont nécessaires : être faluchard dans l’âme, l’esprit et le cœur, et non le vulgaire commerçant. Les statuts sont clairs : « La faluche est réservée aux membres des associations des facultés et des écoles, sous le contrôle du Comité du X ».
A vous, vieux de la vieille, un appel : longue exposition nous obligera à une holduppe réverse sur nos traditions. Horribles traditions, levez-vous, et reprenons les saines traditions de nos vieux scolaires gaulois libres et tonitruants.
— GEET.
Transcription
Voici un numéro du journal de l’Union des Étudiants de l’État de Lille (U.E.L.) datant de 1945. Il y est évoqué l’intégration des nouveaux en début d’année, l’office des baptêmes estudiantins par section (filière) d’étude, en particulier ceux de Droit et de Pharmacie. On reconnaît aussi le L.U.C. (Lille Université Club) association sportive de l’université.
On en apprend aussi sur le fonctionnement de l’U.E.L., qui était l’Association Générale Étudiante (A.G.E.) de Lille, et de sa relation avec l’U.N.E.F et les autres instances de l’université.
On peut également y lire les propos d’un "ancien" qui plaide en faveur du respect des traditions en faluche. Nous avons pris soin de zoomer dessus. Vous noterez quelques références que l’on retrouve aujourd’hui encore dans le code national !
Journal et analyse par Julien PÉAN
Oui, comme le propriétaire de la brasserie page 3 ^^